L'Alaska, la destination camping ultime!
Dernière mise à jour : 18 nov. 2022
Au départ, je n’y croyais pas. Il y avait eu tellement d’étapes et de choses à faire… Le long processus de la vente de la maison, la course contre la montre pour partir avant la fin de l’été, l’interminable trajet à travers le continent. Mais on a réussi. Le 24 juillet 2018, on franchissait enfin la frontière de l’Alaska.

On est arrivés par la route qui traverse le Yukon, celle qui passe par Dawson City. Ce trajet, déjà, c’est un vrai spectacle. On roule sur le sommet des montagnes au milieu des nuages. C’est surréaliste. Ça me donnait une petite idée de ce qui m’attendait durant les prochaines semaines.

Dès qu’on met le pied (ou les roues) en Alaska, il faut par contre s’habituer à deux ou trois choses : il fait froid. Leurs étés ressemblent à nos débuts d’octobre, c’est humide et c’est salissant. Le camion et la roulotte ont rapidement pris une belle teinte de boue séchée. C’est dans cet état de saleté avancée qu’on a entamé nos premières journées. On s’est brièvement arrêtés à Chicken au bout d’une route de terre battue semée de… nids de poule. Chicken, ce n’est rien de plus qu’un relais avec une station-service et un resto-boutique qui offre un menu de style cafétéria et des tablettes entières de babioles sur le thème du poulet. Étrange endroit.
Voici l'épisode émotif de notre arrivée en Alaska! ↓
Après une première nuit à Tok, on a poursuivi notre route vers North Pole et Fairbanks. Il ne m’en est pas resté de grands souvenirs. North Pole, c’est juste un « village du père Noël » avec un magasin d’articles de Noël et un enclos avec des rennes importés de la Norvège. On pouvait y pénétrer pour les nourrir et j’avoue qu’on s’est quand même bien amusés. À Fairbanks, on a trouvé un camping pour deux nuits. C’est la deuxième ville en importance après Anchorage, mais dans l’ensemble, c’est un endroit assez ordinaire. Il n’y avait rien d’exceptionnel qui vaille la peine d’être filmé. On en a donc profité pour se reposer et se ravitailler. De toute façon, le cerveau d’Alex était complètement saturé. Il ne pensait qu’à une chose : le prochain arrêt de notre itinéraire, le Denali National Park and Preserve.

Ce parc est la destination la plus populaire de l’Alaska. Les emplacements de camping sont réservés un an à l’avance… ce qu’on ne savait pas. Alex a passé deux longues soirées devant l’écran de son ordinateur à rafraîchir la page Web du site de réservations pour attraper une annulation au vol. Son entêtement nous a bien servis parce qu’il a finalement réussi! On a obtenu un emplacement au Teklanika Campground, un des plus beaux campings au milieu du parc.

Au parc de Denali, dans le but de protéger l’environnement et les animaux sauvages, les visiteurs ne peuvent pas utiliser leur propre véhicule sur une bonne partie des routes. Tous les déplacements doivent se faire en navette, sauf à l’arrivée et au départ, évidemment. Sachant cela, on a porté une attention particulière au décor en avançant vers notre camping. Au début, c’est une forêt dense. Ensuite, le paysage change : on roule entre de grandes collines sans arbres. Au loin, on aperçoit une chaîne de montagnes.
Au milieu du trajet, on a croisé un grizzli qui marchait, seul, sur le flanc d’une pente d’herbe longue. Il était vraiment beau : le dos beige pâle, deux grosses fesses caramel et des pattes noires. Alex a ralenti et j’ai baissé la vitre de l’auto pour le filmer. Wow!
Après une quarantaine de minutes sur la route de gravier, on est arrivés au camping. Le Teklanika est un très beau terrain, sans services, mais dans un secteur absolument enchanteur en pleine nature. Les sites sont intimes, bien espacés au milieu d’une forêt de petits sapins.
Le lendemain, on a choisi l’autobus qui proposait la plus longue excursion : un circuit d’une journée à travers tout le parc jusqu’à Wonder Lake. Notre rencontre avec le mont Denali s’est donc effectuée en compagnie d’une trentaine d’autres touristes. Ce n’est vraiment pas notre façon préférée de voyager, mais c’est malheureusement le seul moyen de voir cet endroit exceptionnel.

Moins d’une heure après le départ, le chauffeur s’est arrêté pour nous faire descendre à un belvédère. Alex a sorti la caméra pour capter nos premières impressions. C’est la base de notre recette secrète de PRÊTS pour la route : on se filme sur le vif, au moment où on vit les expériences qu’on souhaite partager. Il m’a laissée aller de mon côté et en moins d’une seconde il tournait l’objectif vers son visage. Normalement c’est moi qui décris les décors et montre mon émerveillement. Mais cette fois-là, il s’est filmé, incapable de retenir son enthousiasme. Je l’entendais dire à la caméra : « C’est le plus beau paysage que j’ai vu de ma vie. C’est assez impressionnant, on a les montagnes avec la neige toute blanche, le beau ciel bleu, les vallées avec l’herbe verte, le mélange des couleurs… C’est tellement beau, avec la lumière qu’on a présentement, c’est une des plus belles choses que j’ai vues… C’est tellement malade, vous capoteriez de voir ça! »
C’est vrai que c’était magnifique. Le soleil brillait et à cette latitude, il ne monte jamais très haut dans le ciel, même l’été. Il diffuse une belle lumière oblique, un golden hour perpétuelle. Les couleurs semblaient saturées, comme si je les avais travaillées avec Photoshop. En bas du belvédère, on voyait une grande vallée couverte d’herbe et au fond, des montagnes aux sommets découpés qui remplissaient l’horizon sur 180 degrés. C’était encore plus majestueux que les Grand Teton au Wyoming.
J’ai pris beaucoup de photos, mais elles ne rendent pas justice à la véritable beauté de l’endroit. Elles ne rendent pas la profondeur ni l’amplitude des éléments, ne montrent pas les vraies couleurs, ces mille teintes de vert et le contraste avec le blanc éclatant des sommets. Elles ne permettent pas non plus de sentir la pureté de l’air : sans la moindre odeur de pollution, de gaz d’échappement ou d’activité humaine.
Au deuxième arrêt de notre visite guidée, le chauffeur nous a fait descendre à un visitor center derrière lequel il y avait une autre grande terrasse d’observation extérieure. Dans le centre d’accueil, on a appris que le Denali National Park and Reserve, qui s’étend sur 24 300 kilomètres carrés, est traversé par une seule route le long de laquelle sont aménagés six terrains de camping. C’est une réserve écologique protégée autour de la chaîne de montagnes de l’Alaska Range. Le parc doit d’ailleurs son nom à la présence du plus haut sommet de l’Amérique du Nord : le mont Denali, « the tall one » dans la langue autochtone athabascan.
On est sortis du bâtiment avec l’intention de manger notre lunch. C’est là, en descendant l’escalier menant au belvédère, qu’on l’a vu dans toute sa beauté : le fameux mont Denali. C’est vraiment une montagne exceptionnelle. Elle se détache littéralement au-dessus de l’Alaska Range avec sa large base et ses façades blanches et découpées, comme une grande pyramide. Alex s’est tout de suite dirigé vers le muret pour profiter de la vue.
Je voulais que notre passage devant le mont Denali soit un moment unique et juste pour nous deux. Pas facile considérant la trentaine de touristes avec lesquels on passait la journée. J’ai réussi à trouver un endroit un peu à l’écart sur une zone de gravier pour installer solidement le trépied avec la caméra. Après avoir vérifié que le plan de vue montrait bien le mont Denali en arrière, j’ai fait signe à Alex de me rejoindre. On s’est assis devant l’objectif avec nos salades. Le ciel était dégagé, d’un bleu pur et magnifique. L’image était parfaite. Alex a commencé son intervention en décrivant « notre superbe vue sur le mont Denali » et la chance qu’on avait, car en réalité, seulement un visiteur sur trois parvient à le voir entièrement. Le plus souvent, la pluie, le brouillard ou les nuages en cachent le sommet. Après un autre coup d’œil sur le panorama, il a enchaîné : « Je parlais au téléphone avec ma mère qui me demandait si ça valait la peine d’avoir fait toute cette route. À voir cette vue-là, je peux dire que ç’a valu la peine. Je pourrais revenir chez nous demain et être content. Mais le plus beau dans tout ça c’est que… notre aventure en Alaska ne fait que commencer. »
